COMMISSION ROYALE D'AUSTRALIE : LES CONCLUSIONS DE L'AVOCAT PRINCIPAL RENDU PUBLIQUES

Suite aux auditions qui ont eu lieu cet été, les conclusions de l'avocat principal de la Commission Royale ont été diffusées et rendues publiques sur le site officiel. Elles soulignent de nombreuses failles et incohérences dans les enseignements et règles internes de cette organisation.

Je vous en parlais récemment, les Témoins de Jéhovah font actuellement l'objet d'une enquête en Australie concernant la gestion des affaires de pédophilie au sein de leurs congrégations. Il a ainsi été révélé que plus de 1000 cas d'abus sexuels sur mineurs ont été avérés depuis les années 50, sans qu'aucun d'entre eux n'ait été révélé aux autorités. Cet été Geoffrey Jackson, membre du collège central a même été convoqué par la cour pour témoigner à ce sujet. Il y a quelques jours, M. Angus Stewart, avocat principal au service de la Commission, a publié ses conclusions. En voici quelques extraits :

 

A propos du collège central "porte parole de Dieu sur terre"

Nous lisons à la page 11 §15 :

"Quant il lui a été demandé si les membres du collège central se voyaient comme les "porte paroles de Jéhovah Dieu sur terre", M. Jackson n'a pas répondu à la question, répondant à la Commission Royale qu'il "serait plutôt présomptueux de dire que nous sommes les seuls porte-paroles que Dieu utilise". L'humilité professée par M. Jackson n'est pas, cependant, soutenue par les propres publications de l'organisation des Témoins de Jéhovah. Le livre de règles destiné aux membres ("Organisés pour faire la volonté de Jéhovah"), à propos de "l'esclave fidèle et avisé" (donc le collège central), enseigne par exemple que la congrégation espère "s'approcher de Jéhovah en manifestant une entière confiance dans le canal qu'Il utilise pour diriger son peuple aujourd'hui". Un manuel confidentiel produit par le collège central intitulé "Organisation des filiales Janvier 2015" affirme que "le collège central est organisé pour prendre la direction telle que Jéhovah la montre par son esprit saint". Ainsi donc le collège central est considéré par les Témoins de Jéhovah comme étant le "canal" par lequel la volonté de Jéhovah est communiquée à la congrégation chrétienne et comme étant dirigé par Jéhovah dans tout ce qu'il fait."

Ce que révèlent les fichiers de la Watchtower

Nous lisons page 20 à partir du §53 :

"Depuis 1950, Watchtower Australia a enregistré les allégations, rapports et plaintes au sujet d'agressions sexuelles sur mineurs à l'encontre de 1006 membres de l'organisation des Témoins de Jéhovah d'Australie. Ces allégations, rapports et plaintes concernent au moins 1800 prétendues victimes d'abus sexuels sur mineurs. Les fichiers révèlent que 579 d'entre ceux contre qui des allégations ont été faites ont confessé avoir commis des abus sexuels sur mineurs. Sur les 1006 membres contre lesquels des allégations d'abus sexuels sur mineurs ont été faites, 108 étaient anciens ou assistants ministériels au moment des faits supposés (...). Les fichiers révèlent aussi que 28 abuseurs accusés ont été nommés anciens ou assistants ministériels après avoir fait l'objet d'une allégation d'agression sexuelle sur mineur. Enfin, les fichiers révèlent que 401 supposés abuseurs ont été excommuniés en rapport avec l'accusation d'abus sexuel et que 230 d'entre eux ont ensuite été réintégrés. 78 parmi les excommuniés l'ont été à plusieurs reprises pour des allégations d'abus sexuels sur mineurs." 

A propos du rapport des faits à la police

Nous lisons page 21 §61 :

"L'analyse conduite par l'équipe de la Commission Royale a montré que sur les 1006 supposés agresseurs sexuels d'enfants identifiés par l'organisation des Témoins de Jéhovah en Australie, aucun n'a été rapporté à la police ou à toute autre autorité civile par l'organisation des Témoins de Jéhovah"

La suite du rapport explore les détails concernant les témoignages recueillis par la Commission, ainsi que sur les règles internes (règle des deux témoins, exclusions, comité judiciaires, repentance, réintégrations dans le cadre des abus sexuels sur mineurs, soutien aux victimes, ...). C'est une synthèse des multiples auditions qui ont eu lieu cet été.

 

A propos de la règle des deux témoins

Nous lisons la conclusion F42 page 79 :

"Les règles qui veulent qu'au moins deux témoins oculaires pour un même incident soient requis en l'absence de confession de l'accusé, que le témoignage de deux ou trois témoins au sujet d'incidents séparés mais de même nature soit requis, ou qu'une preuve circonstancielle soit constatée par au moins deux témoins :

a) signifient que dans le cas des abus sexuels sur mineurs, qui ont lieu quasi-invariablement en privé, très souvent aucune charge ne pourra être retenue à l'encontre de l'accusé

b) font que les victimes d'abus sexuels sur mineurs ne se sentent pas écoutées ni soutenues quand les accusations qu'elles font ne sont pas retenues

c) mettent en danger les enfants au sein de l'organisation des Témoins de Jéhovah puisque bien souvent rien n'est entrepris à l'encontre du pédophile

d) ne semblent pas s'appliquer au sein de l'organisation des Témoins de Jéhovah dans les cas d'accusations d'adultère, ce qui suggère que l'adultère est pris plus au sérieux que la pédophilie par l'organisation

e) ont besoin d'être revisitées par l'organisation des Témoins de Jéhovah dans le but de les abandonner ou au moins de les reformuler pour assurer que des décisions sûres soient prises plus facilement en rapport avec les accusations de pédophilie."

A propos de la place des femmes dans le processus judiciaire

Nous lisons la conclusion F43 page 79 :

"La règle voulant que seuls les anciens (c'est-à-dire des hommes) puissent participer à la prise de décision dans le processus d'investigation pour établir les faits d'abus sexuel sur enfants :

a) est un défaut fondamental dans ce processus qui affaiblit les décisions en excluant les femmes et

b) a besoin d'être revisitée par l'organisation des Témoins de Jéhovah afin assurer un rôle plus significatif des femmes"

A propos du retrait volontaire

En rapport avec le témoignage de Geoffrey Jackson qui affirmait que pour quitter les Témoins de Jéhovah définitivement il suffisait de devenir inactif, nous lisons page 111 §511 :

"Il est suggéré que le témoignage de M. Jackson n'est pas cohérent avec la position des Témoins de Jéhovah en rapport avec la dissociation publiée à l'échelle internationale sous la forme du manuel "Organisés pour faire la volonté de Jéhovah". Il est suggéré en outre que la position réelle par rapport à une personne qui ne veut plus être connue comme Témoin de Jéhovah et qui ne désire plus être soumise aux règles et règlements de l'organisation, est celle enregistrée dans le manuel "Organisés pour faire la volonté de Jéhovah"."

Voir l'article : Le retrait volontaire chez les Témoins de Jéhovah : une illusion ?

Page 113 §521 :

"Il est suggéré que la règle de l'organisation des Témoins de Jéhovah requérant d'éviter tout contact avec ceux qui quittent l'organisation en fait une "organisation captive" au sein de laquelle les règles concernant l'association avec ceux qui ont choisi de la quitter impactent la victime d'abus sexuel dans l'exercice de son droit à la liberté de religion."

La conclusion F70 résume ainsi les choses :

"La politique de l'organisation des Témoins de Jéhovah imposant à ses membres d'éviter tout contact avec ceux qui quittent l'organisation :

a) rend extrêmement difficile pour un membre la sortie de l'organisation

b) est cruelle pour ceux qui la quittent et pour leurs famille et amis qui restent derrière

c) est particulièrement cruelle pour ceux qui ont souffert d'abus sexuel dans l'organisation et qui veulent la quitter parce qu'ils ont l'impression que leurs plaintes n'ont pas été traitées correctement

d) n'est apparemment pas justifiée par les Écritures qui sont citées pour la supporter

e) est adoptée et mise en oeuvre pour éviter aux membres de sortir de l'organisation et ainsi de maintenir les effectifs

f) est en conflit avec les propos de l'organisation concernant son soutien à la liberté de religion et avec la croyance selon laquelle Jéhovah Dieu est un Dieu plein de compassion et reconnaissant la valeur et la dignité de tous les êtres humains."

Voici quelques points principaux que j'ai retenus. Bien entendu il est très difficile de résumer ces 132 pages en quelques paragraphes et je vous invite à consulter par vous-même le document publié (lien en fin d'article). Aidez-vous de Google traduction au besoin si vous ne lisez pas l'anglais ;-)

Rappelons que ces conclusions ne sont qu'une étape supplémentaire vers le jugement et l'éventuelle condamnation de la société Watchtower en Australie. Ces conclusions, ainsi que les arguments contradictoires de la société des Témoins de Jéhovah, devront d'abord passer entre les mains du juge. Je ne manquerai pas de vous informer de l'évolution de cette enquête dans les prochains mois.

 

Liens utiles

Site officiel de la Commission Royale d'Australie (Témoins de Jéhovah)

Conclusions de l'avocat principal (fichier PDF) / (ou ici)

Réfutations de la société Watchtower (fichier PDF) / (ou ici)

Source : jw-verite.org

 

Suite aux auditions qui ont eu lieu cet été, les conclusions de l'avocat principal de la Commission Royale ont été diffusées et rendues publiques sur le site officiel. Elles soulignent de nombreuses failles et incohérences dans les enseignements et règles internes de cette organisation.

Je vous en parlais récemment, les Témoins de Jéhovah font actuellement l'objet d'une enquête en Australie concernant la gestion des affaires de pédophilie au sein de leurs congrégations. Il a ainsi été révélé que plus de 1000 cas d'abus sexuels sur mineurs ont été avérés depuis les années 50, sans qu'aucun d'entre eux n'ait été révélé aux autorités. Cet été Geoffrey Jackson, membre du collège central a même été convoqué par la cour pour témoigner à ce sujet. Il y a quelques jours, M. Angus Stewart, avocat principal au service de la Commission, a publié ses conclusions. En voici quelques extraits :

 

A propos du collège central "porte parole de Dieu sur terre"

Nous lisons à la page 11 §15 :

"Quant il lui a été demandé si les membres du collège central se voyaient comme les "porte paroles de Jéhovah Dieu sur terre", M. Jackson n'a pas répondu à la question, répondant à la Commission Royale qu'il "serait plutôt présomptueux de dire que nous sommes les seuls porte-paroles que Dieu utilise". L'humilité professée par M. Jackson n'est pas, cependant, soutenue par les propres publications de l'organisation des Témoins de Jéhovah. Le livre de règles destiné aux membres ("Organisés pour faire la volonté de Jéhovah"), à propos de "l'esclave fidèle et avisé" (donc le collège central), enseigne par exemple que la congrégation espère "s'approcher de Jéhovah en manifestant une entière confiance dans le canal qu'Il utilise pour diriger son peuple aujourd'hui". Un manuel confidentiel produit par le collège central intitulé "Organisation des filiales Janvier 2015" affirme que "le collège central est organisé pour prendre la direction telle que Jéhovah la montre par son esprit saint". Ainsi donc le collège central est considéré par les Témoins de Jéhovah comme étant le "canal" par lequel la volonté de Jéhovah est communiquée à la congrégation chrétienne et comme étant dirigé par Jéhovah dans tout ce qu'il fait."

Ce que révèlent les fichiers de la Watchtower

Nous lisons page 20 à partir du §53 :

"Depuis 1950, Watchtower Australia a enregistré les allégations, rapports et plaintes au sujet d'agressions sexuelles sur mineurs à l'encontre de 1006 membres de l'organisation des Témoins de Jéhovah d'Australie. Ces allégations, rapports et plaintes concernent au moins 1800 prétendues victimes d'abus sexuels sur mineurs. Les fichiers révèlent que 579 d'entre ceux contre qui des allégations ont été faites ont confessé avoir commis des abus sexuels sur mineurs. Sur les 1006 membres contre lesquels des allégations d'abus sexuels sur mineurs ont été faites, 108 étaient anciens ou assistants ministériels au moment des faits supposés (...). Les fichiers révèlent aussi que 28 abuseurs accusés ont été nommés anciens ou assistants ministériels après avoir fait l'objet d'une allégation d'agression sexuelle sur mineur. Enfin, les fichiers révèlent que 401 supposés abuseurs ont été excommuniés en rapport avec l'accusation d'abus sexuel et que 230 d'entre eux ont ensuite été réintégrés. 78 parmi les excommuniés l'ont été à plusieurs reprises pour des allégations d'abus sexuels sur mineurs." 

A propos du rapport des faits à la police

Nous lisons page 21 §61 :

"L'analyse conduite par l'équipe de la Commission Royale a montré que sur les 1006 supposés agresseurs sexuels d'enfants identifiés par l'organisation des Témoins de Jéhovah en Australie, aucun n'a été rapporté à la police ou à toute autre autorité civile par l'organisation des Témoins de Jéhovah"

La suite du rapport explore les détails concernant les témoignages recueillis par la Commission, ainsi que sur les règles internes (règle des deux témoins, exclusions, comité judiciaires, repentance, réintégrations dans le cadre des abus sexuels sur mineurs, soutien aux victimes, ...). C'est une synthèse des multiples auditions qui ont eu lieu cet été.

 

A propos de la règle des deux témoins

Nous lisons la conclusion F42 page 79 :

"Les règles qui veulent qu'au moins deux témoins oculaires pour un même incident soient requis en l'absence de confession de l'accusé, que le témoignage de deux ou trois témoins au sujet d'incidents séparés mais de même nature soit requis, ou qu'une preuve circonstancielle soit constatée par au moins deux témoins :

a) signifient que dans le cas des abus sexuels sur mineurs, qui ont lieu quasi-invariablement en privé, très souvent aucune charge ne pourra être retenue à l'encontre de l'accusé

b) font que les victimes d'abus sexuels sur mineurs ne se sentent pas écoutées ni soutenues quand les accusations qu'elles font ne sont pas retenues

c) mettent en danger les enfants au sein de l'organisation des Témoins de Jéhovah puisque bien souvent rien n'est entrepris à l'encontre du pédophile

d) ne semblent pas s'appliquer au sein de l'organisation des Témoins de Jéhovah dans les cas d'accusations d'adultère, ce qui suggère que l'adultère est pris plus au sérieux que la pédophilie par l'organisation

e) ont besoin d'être revisitées par l'organisation des Témoins de Jéhovah dans le but de les abandonner ou au moins de les reformuler pour assurer que des décisions sûres soient prises plus facilement en rapport avec les accusations de pédophilie."

A propos de la place des femmes dans le processus judiciaire

Nous lisons la conclusion F43 page 79 :

"La règle voulant que seuls les anciens (c'est-à-dire des hommes) puissent participer à la prise de décision dans le processus d'investigation pour établir les faits d'abus sexuel sur enfants :

a) est un défaut fondamental dans ce processus qui affaiblit les décisions en excluant les femmes et

b) a besoin d'être revisitée par l'organisation des Témoins de Jéhovah afin assurer un rôle plus significatif des femmes"

A propos du retrait volontaire

En rapport avec le témoignage de Geoffrey Jackson qui affirmait que pour quitter les Témoins de Jéhovah définitivement il suffisait de devenir inactif, nous lisons page 111 §511 :

"Il est suggéré que le témoignage de M. Jackson n'est pas cohérent avec la position des Témoins de Jéhovah en rapport avec la dissociation publiée à l'échelle internationale sous la forme du manuel "Organisés pour faire la volonté de Jéhovah". Il est suggéré en outre que la position réelle par rapport à une personne qui ne veut plus être connue comme Témoin de Jéhovah et qui ne désire plus être soumise aux règles et règlements de l'organisation, est celle enregistrée dans le manuel "Organisés pour faire la volonté de Jéhovah"."

Voir l'article : Le retrait volontaire chez les Témoins de Jéhovah : une illusion ?

Page 113 §521 :

"Il est suggéré que la règle de l'organisation des Témoins de Jéhovah requérant d'éviter tout contact avec ceux qui quittent l'organisation en fait une "organisation captive" au sein de laquelle les règles concernant l'association avec ceux qui ont choisi de la quitter impactent la victime d'abus sexuel dans l'exercice de son droit à la liberté de religion."

La conclusion F70 résume ainsi les choses :

"La politique de l'organisation des Témoins de Jéhovah imposant à ses membres d'éviter tout contact avec ceux qui quittent l'organisation :

a) rend extrêmement difficile pour un membre la sortie de l'organisation

b) est cruelle pour ceux qui la quittent et pour leurs famille et amis qui restent derrière

c) est particulièrement cruelle pour ceux qui ont souffert d'abus sexuel dans l'organisation et qui veulent la quitter parce qu'ils ont l'impression que leurs plaintes n'ont pas été traitées correctement

d) n'est apparemment pas justifiée par les Écritures qui sont citées pour la supporter

e) est adoptée et mise en oeuvre pour éviter aux membres de sortir de l'organisation et ainsi de maintenir les effectifs

f) est en conflit avec les propos de l'organisation concernant son soutien à la liberté de religion et avec la croyance selon laquelle Jéhovah Dieu est un Dieu plein de compassion et reconnaissant la valeur et la dignité de tous les êtres humains."

Voici quelques points principaux que j'ai retenus. Bien entendu il est très difficile de résumer ces 132 pages en quelques paragraphes et je vous invite à consulter par vous-même le document publié (lien en fin d'article). Aidez-vous de Google traduction au besoin si vous ne lisez pas l'anglais ;-)

Rappelons que ces conclusions ne sont qu'une étape supplémentaire vers le jugement et l'éventuelle condamnation de la société Watchtower en Australie. Ces conclusions, ainsi que les arguments contradictoires de la société des Témoins de Jéhovah, devront d'abord passer entre les mains du juge. Je ne manquerai pas de vous informer de l'évolution de cette enquête dans les prochains mois.

 

Liens utiles

Site officiel de la Commission Royale d'Australie (Témoins de Jéhovah)

Conclusions de l'avocat principal (fichier PDF) / (ou ici)

Réfutations de la société Watchtower (fichier PDF) / (ou ici)

Source : jw-verite.org