STRATÉGIE DE GUERRE THÉOCRATIQUE

En raison des conflits et de la persécution qu'engendrent les positions de la Société Watchtower par rapport au monde, celle-ci a mis en place des procédures appelées Stratégie de guerre théocratique depuis les années 40, faisant appel aux mensonges ou à la tentative d'induire en erreur.

 

Prenant exemple sur Abraham qui a menti sur l'identité de sa femme, la présentant comme sa sœur pour éviter la mort, ou sur l'exemple de la prostituée Rahab de Jéricho qui a caché des espions israélites en prétendant qu'elle ne les avait pas vu (avant de s'appeler la "Stratégie de guerre théocratique", ce comportement s'appelait "la technique de Rahab"), la Société Watch Tower encourage ses fidèles à utiliser des méthodes similaires dans le but de sauvegarder les intérêts du mouvement des Témoins de Jéhovah et moins de celui de sauver sa vie. Le premier objectif de cette "guerre" est avant tout de continuer à faire tout ce qui est possible pour promouvoir l’œuvre d’évangélisation des Témoins de Jéhovah, et ceci même lorsque qu’une opposition officielle se présente.  

 

Sommaire

  • 1 Définition du mensonge : "Soyez prudent comme des serpents"
  • 2 Quand avoir recours au mensonge ?
  • 3 Exemples de stratégie de guerre théocratique
    • 3.1 Pour se sauver de la prison ou sauver sa vie
    • 3.2 Pour paraître plus tolérant
    • 3.3 Pour obtenir une reconnaissance officielle
    • 3.4 Pour préserver des intérêts financiers
    • 3.5 Pour dissimuler des activités peu reluisantes
    • 3.6 Violation du secret professionnel
  • 5 Liens externes
  • 6 Références

 

Définition du mensonge :

"Soyez prudent comme des serpents"

 

C'est la définition même du mensonge chez les Témoins de Jéhovah qui permet d'appréhender leur vision de la stratégie de la guerre théocratique. L'un des premiers exemples historiques clairs de cette définition est tirée du livre Richesses de Joseph Franklin Rutherford, second président des Témoins de Jéhovah :

« Un mensonge est une affirmation fausse faite par quelqu'un à une personne qui est autorisée à entendre et à connaître la vérité, et dont l'affirmation fausse tend à faire du tort à autrui. Une affirmation fausse faite dans le but de tromper et de provoquer du tort à autrui est un mensonge délibéré et malicieux. » (Rutherford, 1936, p. 177).

L'auteur aurait pu définir le mensonge comme une affirmation fausse, sans ajouter autre chose. La conclusion implicite de ce texte, c'est que le mensonge, suivant la définition du dictionnaire, à une personne qui n'est pas autorisée (par qui ?) à connaître la vérité, ou/et sans vouloir faire de mal, n'est pas du mensonge.

 

Ce point est précisé par plusieurs autres déclarations de Rutherford en rapport avec des épisodes bibliques par exemple dans le livre Vindication Volume 3 page 85 (anglais) commentant le mensonge de Jéhu se prétendant adorateur du dieu Baal alors qu'il ne l'était pas, Rutherford déclare :

« Il usait vraiment de sagacité en prenant une voie sage en harmonie avec ce que Jésus avait dit à ses disciples (Matthieu 10:16). »

Dans La Tour de Garde du 15 novembre 1931 page 341 (anglais), Rutherford commente le mensonge de Jacob qui se fait passer pour Esaü à son père Isaac avec la complicité de sa mère pour obtenir le droit d'aînesse :

« La mère faisait la volonté de Dieu, elle faisait ce que toute personne honnête doit faire, essayer de protéger les droits et privilèges de ceux qui nous sont proches et chers... Rien dans les actes de Jacob en rapport avec le droit d'aînesse n'est répréhensible. »

Timothy White dans son livre A People for His Name fait remarquer que, commentant le même passage, Russell affirmait lui qu'un chrétien ne pouvait pas approuver ce comportement[1]

Le texte de Matthieu 10:16 sera la citation de référence du discours de Frédéric Franz, alors vice-président du mouvement, à l'assemblée de district de 1955, "Le Royaume Triomphant", durant lequel il déclara qu'il était tout à fait acceptable de mentir à un ennemi et dans la défense des intérêts du christianisme[2]

En 1960, La Tour de Garde déclara :

« Dans le but de protéger les intérêts de la cause de Dieu, il est bon de cacher la vérité aux ennemis de Dieu... Cette question relève de la notion de "stratégie de guerre". »[3]

Quand avoir recours au mensonge ?

 

Pour mener à bien la guerre théocratique, les Témoins de Jéhovah considèrent qu’ils doivent obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes et se reposent, pour se justifier, sur un verset biblique qu’ils ont choisi pour texte de l’année 2006 :

« Nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu'aux hommes. - Actes 5:29 »

Quand ils estiment que ce qui se passe à l’intérieur du mouvement, ne doit pas être connu de ceux qui n’y appartiennent pas, ils ont recours au "mensonge théocratique". Celui-ci consiste à ne pas révéler toute la vérité à ceux qui mettent en danger l’organisation des Témoins de Jéhovah. En théorie, il ne couvre pas le faux témoignage, mais plutôt l’omission volontaire de certains faits et se justifie chaque fois qu’il faut protéger les intérêts de l’organisation. Dans certaines de ses publications, la société Watchtower enseigne que les Témoins de Jéhovah ne sont pas obligés de révéler une information véridique à des gens dont elle estime qu’ils ne sont pas en droit de la connaître.[4] Ce par quoi elle entend, toute personne qui ne fait pas partie de l’organisation des Témoins de Jéhovah. En conséquence, ce qui est dévoilé à l’extérieur n’est pas forcément le reflet exact de ce qui se passe dans l’organisation des Témoins de Jéhovah.

 

La connaissance de cet enseignement permet de comprendre que la version des faits révélée au public non Témoins de Jéhovah, par les membres appartenant à ce mouvement, dans des sujets sensibles touchant leur organisation, comme le traitement de la pédophilie, voile une partie de la réalité.

 

Exemples de stratégie de guerre théocratique

 

Pour se sauver de la prison ou pour sauver sa vie

En 1957, La Tour de Garde rapporte le cas d'une témoin de Jéhovah qui, face à l'opposition dans le cadre du porte à porte, a changé de chemisier. Quand un agent communiste lui a demandé si elle avait vu une femme avec un chemisier rouge (celui qu'elle portait juste avant), elle répondit non. L'article conclut :

« A-t-elle menti ? Non. Elle n'était pas une menteuse. Au contraire, elle a utilisé la stratégie de guerre théocratique, cachant la vérité par l'action et la parole au nom du ministère. »[5]

On peut également trouver ce genre d'exemple, un historien canadien, Kaplan, notait en 1988 qu'un Témoin de Jéhovah canadien répondait généralement par la négative quand on lui demandait s'il était Témoin de Jéhovah ou pas pendant l'interdiction des années 40, car le seul moyen qu'il se fasse condamner pour appartenance à un mouvement interdit était soit la confession ou la découverte d'une carte de membre. Ne pouvant trouver, ni l'un ni l'autre, les autorités étaient obligées de relâcher ces Témoins.[6]

 

Toutefois, ce cas reste malheureusement très rare. L'histoire des Témoins de Jéhovah nous montre que de très nombreuses vies auraient pu être épargnées si les fidèles avaient utilisé le mensonge théocratique pour sauver leur vie et pas seulement pour protéger l'organisation. Au Rwanda, quand la vie de fidèles Témoins de Jéhovah ne tenait qu’à l’achat d’une carte du parti unique, ou dans les camps de concentration, quand de jeunes Témoins étaient exécutés parce qu’ils refusaient de faire un simple « Heil Hitler », combien de morts auraient pu être évitées ? Les fidèles Témoins auraient pu mentir, l’achat de la carte du parti ne les obligeait pas à être des activistes dans ce parti. Combien de résistants politiques ou spirituels ont prononcés des tas de « Heil Hitler » pour continuer leur résistance en secret, cela n’en faisait pas des adorateurs de Hitler pour autant. Malheureusement, l'organisation demandera le plus souvent à l'adepte de base de mourir en martyr en disant la vérité, alors que les avocats-conseils du mouvement, pourront utiliser le mensonge pour couvrir les faits peu reluisants des chefs Témoins de Jéhovah.

 

Pour paraître plus tolérant

La Société Watchtower a fait préparer aux États-Unis à sa juriste Carolyn R. Wah, une brochure à usage interne Se préparer pour une affaire de garde d'enfants couvrant les problèmes rencontrés en justice au moment de divorce impliquant un ou une Témoin de Jéhovah avec un non-Témoin de Jéhovah ou un ex-Témoin de Jéhovah dans laquelle par exemple, on peut lire une réponse à faire sous serment, et couramment utilisée depuis par des Témoins de Jéhovah en porte à porte, pour induire en erreur :

"Est-ce que les catholiques (ou d'autres) seront détruits ?" (A la fin du monde- ajouté par nos soins)
La réponse proposée est la suivante :
"C'est Jéhovah qui en jugera, pas nous."

Pourtant la doctrine Témoin de Jéhovah sur la fin du monde, explique très bien que seuls les Témoins de Jéhovah seront sauvés, et encore pas tous.[7][8]

 

Pour obtenir une reconnaissance officielle

Pour obtenir le statut de religion en Bulgarie, la Société Watch Tower a déclaré sous serment qu'elle ne prendrait pas de mesure disciplinaire contre un membre acceptant une transfusion sanguine, alors qu'en fait, elle maintient toujours cet interdit, considérant le fait de l'accepter comme un retrait volontaire de la part du transgresseur.

 

Pour préserver des intérêts financiers

  • Au Mexique, comme la loi ne permet pas aux congrégations religieuses d'être propriétaire terrien, la Société Watch Tower a récusé l'appellation de religion, affirmant être un groupement culturel.
  • En Suisse, les dirigeants des Témoins de Jéhovah, accusés durant la Seconde Guerre Mondiale d’interdire le service militaire aux adeptes, prétendirent dans une lettre rédigée par un avocat et adressée aux autorités suisses « qu’à aucun moment, ils n’avaient vu l’accomplissement des obligations militaires comme une offense contre les principes et les aspirations de l’association des Témoins de Jéhovah », et que « des centaines de nos membres et de nos sympathisants ont accomplis leur obligation militaire et continuent à le faire » ; le but de ce mensonge était de protéger le dernier bureau européen encore en activité à ce moment-là.

Pour dissimuler des activités peu reluisantes

Les Témoins de Jéhovah ont utilisé le 'mensonge théocratique' pour cacher la politique de leur mouvement dans le cadre des affaires de pédophilie. Ce point est mis en avant dans l'émission Temps Présent, diffusée dans le cadre de l’émission Temps Présent le 14 juillet 2005 sur la première chaîne de la TSR, présentant une enquête sur le silence qui a régné au sein de l’organisation suédoise des Témoins de Jéhovah lorsque certains membres ont été soupçonnés d’abus sexuels de nature pédophile.[9]

 

Violation du secret professionnel

Une Tour de Garde de 1987, encourageait les Témoins de Jéhovah travaillant dans le milieu médical à casser le secret professionnel quand il s'agissait de dénoncer un de leur frère, qui avait accepté une transfusion sanguine. Cette Tour de Garde étendait ce principe à des métiers comme celui d'avocat. Un Témoin de Jéhovah ne respectera donc pas son serment professionnel face à une affaire concernant de près ou de loin sa religion, qu'il s'agisse de dénoncer un de ses frères ou de mentir pour protéger son organisation.[10]

 

Un Témoin de Jéhovah qui achetait des livres critiquant les Témoins de Jéhovah à une maison d'édition appelée "Christian Research Journal", s'est vu présenté devant un "comité judiciaire" interne au mouvement des Témoins de Jéhovah en vue de son exclusion, avec comme pièce à conviction le chèque qu'il a utilisé pour payer ces livres, il ne saura jamais quelle personne aura rompu le secret bancaire pour le dénoncer.[11]

 

Liens externes

  • Chasson, Charles, "La « Stratégie de la Guerre Théocratique » ou comment mentir pour l’Organisation mais pas pour survivre", tjrecherches/mensonges.htm
  • Kotwall, B.J. (mars 1992) (anglais), "The Watchtower Society Encourages Lying", Investigator 23, users.adam.com.au

 

Références

  1. La Tour de Garde du 1/03/1907, pages 75,76 Reprints 3955 cited in A People for his name, page 258
  2. The Christian Century, 13 Juillet 1955 P. 878. cited in A People fir his name, Timothy White, page 257
  3. The Watch Tower, 1er juin 1960, p. 352:
    « For the purpose of protecting the interests of God's cause, it is proper to hide the truth from God's enemies... This comes under the term 'war strategy'. »
  4. cf. le livre : Perspicacité Volume 2 page 255 :
    « Si la Bible condamne expressément le mensonge malveillant, cela ne signifie pas qu’on est obligé de divulguer une information véridique à des gens qui ne sont pas en droit de la connaître. Jésus Christ conseilla : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent avec leurs pieds et que, se retournant, ils ne vous déchirent. » (Mt 7:6). Voilà pourquoi, en certaines occasions, Jésus s’abstint de donner des renseignements complets ou de répondre directement à des questions quand cela pouvait causer inutilement du tort (Mt 15:1-6 ; 21:23-27 ; Jn 7:3-10). »
  5. The Watchtower, 1 mai 1957, p. 285
  6. Page 19 de ce document, sur Freeminds
  7. [1]
  8. "Har-Maguédon et guerre théocratique", sur TJ-Encyclopedie
  9. Reportage pour lequel l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision (AIEP) a rejeté une plainte des Témoins de Jéhovah, celle-ci ayant considéré que le reportage contesté n’avait pas violé le principe de présentation fidèle des événements, dans la mesure où le point de vue des Témoins de Jéhovah a suffisamment été exposé et que le programme établissait clairement qu'il ne visait que la communauté de Suède et non celle de Suisse Temps Présent sur les Témoins de Jéhovah, Administration fédérale admin.ch

 

Source : http://www.tj-encyclopedie.org