LE RACISMES DANS LES PUBLICATIONS DE LA WATCHTOWER

Les adorateurs de couleur noire sont maintenant acceptés comme des égaux chez les Témoins de Jéhovah, mais ce ne fût pas toujours le cas.

La plupart des Témoins de Jéhovah croient que la Société Watchower est complètement sans reproches quand il est question des problèmes entourant le racisme et l’égalité raciale. Quand quelqu’un assiste à une réunion, une convention ou une assemblée des Témoins de Jéhovah, cette personne est instantanément impressionnée par le mélange et l’harmonie entre les gens de toutes les origines ethniques. Les publications de la Watchtower disent que toutes les races sont égales devant un Dieu qui «n’est pas partial». De façon générale, cette philosophie est une influence positive sur la façon dont les membres de différentes races se traitent les uns les autres dans l’organisation. Ils ont même un frère de peau noire, Samuel Herd, qui fait partie du Collège Central ! Cependant, les choses n’ont pas toujours été ainsi. En fait, le chemin vers l’harmonie raciale a été tout aussi «chaotique» pour l’organisation que pour plusieurs autres. Si vous vous adonniez à lire quelques-unes des premières publications de la Watchtower, vous seriez sans doute choqués et consternés par certaines rhétoriques offensives utilisées par les écrivains de la littérature de la Société de l’époque. En effet, si une telle littérature était réimprimée ou circulerait aujourd’hui comme représentant les attitudes actuelles de la Société envers la race, l’organisation finirait probablement par faire face à encore plus de sérieux problèmes juridiques, sans mentionner un tollé de la part de leurs nombreux membres non-blancs répandus sur tout le globe. C’est triste mais il y a plusieurs exemples d’intolérance raciale dans la littérature du début de la Société et peu de races non-blanches s’en sortent indemnes. Je vais essayer de cataloguer quelques-unes des citations les plus offensives dans cet article. Par souci de concision, je vais présenter un «calendrier» d’expressions racistes publiées par la Société, suivit d’une analyse plus approfondie de chaque texte cité en ordre de date.

1900 - La Société reçoit un contrecoup des « frères de couleur» sur une politique de blancs seulement pour les bénévoles… «le matériel de lecture distribué à une congrégation de couleur serait gaspillé à plus de moitié». (w1900 4/15 p.122. Anglais). Un compte-rendu du Révérend Draper qui devient blanc est imprimé sous le titre «Est-ce que la Restitution peut changer la peau d’un Éthiopien ?» (w1900 10/1 p.296-297. Anglais).

1902 - Les tribus et nations africaines décrites comme étant «dégradées», la race blanche «supérieure», les Caucasiens (blancs) ont «une plus grande intelligence et aptitude» prétendument comme le résultat d’une intervention divine dans leur histoire génétique. (w1902 7/15 p.215-216. Anglais).

1904 - «Dieu peut changer la peau d’un Éthiopien en temps opportun.» (w1904 2/15 p.52-53. Anglais).

1914 - Contrecoup sur la ségrégation à une présentation du Photodrame à New York. «Nous avons été contraints d’affecter les amis de couleur à la galerie.» (w1914 4/1 p.105-106. Anglais).

1916 - Charles Taze Russell meurt, Joseph Rutherford prend le contrôle de l’organisation.

1919 - Sur la base de leurs enseignements contemporains, le Christ sélectionne supposément les Étudiants de la Bible en tant que congrégation de Dieu sur Terre. Un article dans le périodique nouvellement mis en vente Golden Age (L’Âge d’Or) (précurseur du Réveillez-vous !) discute de la prohibition de l’alcool, disant «d’un point de vue criminel, l’opportunité de dégrisement du nègre du Sud en dit long sur la prohibition nationale». (g1919 10/15 p.44. Anglais).

1927 - Un article de 3 pages et demie est publié ayant pour titre : « The Story of Uncle Tom’s Cabin» (L’Histoire de la Cabane d’Oncle Tom). L’article attaque l’auteur Harriet Beecher Stowe comme ayant été manipulé par des esprits et appelle le livre «l’œuvre de Satan». Les Espagnols sont étiquetés de «race retardée». (g1927 11/30 p.140-143. Anglais).

1928 - On dit que les enfants de Londres rient de bon cœur en regardant des films dépeignant «un mineur nègre dégustant un bon repas». (g1928 7/25 p.684. Anglais).

1929 - La malédiction de Noé sur Canaan est à l’origine de la race noire. Les «races de couleur sont décrites comme une «race de serviteurs». «Il n’y a pas de meilleur serviteurs dans le monde qu’un serviteur de couleur». (g1929 7/24 p.702. Anglais).

1933 - La lettre de Rutherford à Hitler, décrivant la Société Watchtower comme étant «pro-Allemande» et blâmant «les hommes d’affaires Juifs et Catholiques» de répandre de la propagande contre la Société, déclarant la suggestion que les publications de la Watchtower puissent être financées par les Juifs d’«accusation diffamatoire». Selon Rutherford, «Les Étudiants de la Bible d’Allemagne se battent pour les mêmes buts éthiques et idéaux élevés qui ont également été proclamés par le gouvernement du Reich Allemand.» 

Rutherford donne sa «Déclaration de Faits » durant une convention à Berlin, disant «Les commerçants juifs de l'empire Anglo-américain ont bâti et utilisé le "Big Business" comme moyen d'exploitation et d'oppression de nombreux peuples. Nous pensons ici en particulier aux villes de Londres et de New York, forteresses du Big Business». Il dit de New York, «Les Juifs possèdent la ville, les Irlandais catholiques la dirigent, et ce sont les Américains qui payent l'addition». (yb1934 p.134. Anglais).

1952 - «Vraiment, nos frères de couleur ont une grande raison de se réjouir. Leur race est douce et docile et d’elle provient un pourcentage élevé de l’accroissement théocratique». (w1952 2/14 p.95. Anglais).

Il est bien compréhensible que certains des sentiments contenus dans la chronologie ci-dessus peut vous horrifier, mais ils se trouvent tous dans les publications de la Société ou de la correspondance (comme dans le cas de la lettre de Rutherford à Hitler). Il est naturel et louable pour vous de réagir de cette manière, car les propres publications de la Société vous ont appris à être tolérant envers les personnes de races différentes.

Il y a une raison pour laquelle la Société a choisi d'ignorer son passé trouble quand il s'agit de préjugés raciaux. Cela a quelque chose à voir avec la signification prophétique qu'ils attachent aux premiers «Étudiants de la Bible», comme ils étaient alors connus.

En d'autres termes, la Société Watch Tower prétend que Jésus-Christ a choisi les Étudiants de la Bible, dirigés par Russell et Rutherford, respectivement, en tant que représentants de son organisation terrestre en 1919. Comme vous le verrez dans la chronologie ci-dessus, cette soi-disant «sélection» par le Christ est venue environ en plein milieu d'une période où ils ont imprimés certains de leurs articles les plus racistes. Il semble inconcevable que Jésus-Christ recruterait une telle organisation étroite d'esprit pour le représenter sur la base de ce qu'ils écrivaient à l'époque sur les questions raciales. C'est pourquoi la société d'aujourd'hui choisit de cacher cette information et pointe plutôt du doigt les autres religions pour leurs histoires d’intolérance raciale.


Le racisme sous Russell

 

Charles Taze Russell était le fondateur de la Société Watch Tower et le rédacteur en chef et éditeur de Zion’s Watch Tower, comme la Watchtower (Tour de Garde) était connue à cette époque. La distribution du magazine Watchtower, ainsi que d'autres livres de Russell, fût presque entièrement dépendante du travail des «bénévoles», connus plus tard comme colporteurs (les précurseurs des actuels «pionniers»), dont le travail consistait à proposer des abonnements aux lecteurs. Il semble que Russell était très pointilleux quand il s'agissait de choisir qui pouvait agir à ce titre privilégié au nom de la Société. Dans le numéro de 1er mars de la Zion’s Watch Tower, ses critères pour ceux qui pouvaient servir en tant que bénévoles étaient volontairement limités aux membres «blancs d’églises protestantes.» Naturellement, les frères noirs à cette époque n'étaient pas trop contents de cette discrimination évidente et ont écrit au siège de la Société pour se plaindre. Voici cette réponse qui a été imprimée :

 

L’extrait ci-dessus est tiré de la Zion’s Watch Tower, April 15th 1900, page 122.

 

Traduction : « Il y a probablement une centaine de frères de couleur sur les listes de la Watch Tower, certains d'entre eux très clairs dans la vérité et très sérieux dans son service, financièrement ou autrement. Nous avons reçu des lettres de plusieurs d'entre eux, qui avaient l'intention de s'engager dans le bénévolat, s'étonnant que dans l'appel aux volontaires dans le numéro du 1er mars, nous ayons limité la recherche aux églises protestantes blanches. (...) autant que nous sommes en mesure de juger, les gens de couleur ont moins d'instruction que les Blancs - beaucoup d'entre eux n'ont exactement pas assez pour leur permettre de profiter de la lecture telle que nous la donnons. Notre conclusion est donc basée sur la supposition que le matériel de lecture distribué à une congrégation de couleur serait gaspillé à plus de moitié et un très faible pourcentage serait susceptible de donner de bons résultats. Nous vous conseillons, par conséquent, que là où la littérature de la Watch Tower est présentée à des gens de couleur que ce ne soit pas pour une distribution large, mais seulement à ceux qui montrent une preuve d’une oreille attentive pour la vérité. »

Le magazine de Russell a volontairement reconnu que sa publicité discriminatoire pour les bénévoles a été fondée sur un stéréotype des Noirs ayant «moins d'instruction que les Blancs. » Ensuite, il exprima son opinion scandaleuse que « le matériel de lecture distribué à une congrégation de couleur serait gaspillé à plus de moitié.» Il semble difficile de comprendre comment Russell, qui rougit aux suggestions qu'il était «l’Esclave fidèle et avisé» de Dieu, pouvait abriter et promulguer une telle attitude déplorable et mauvaise envers les hommes et les femmes noirs. Cette perspective bizarre se présentait dans ses autres écrits, notamment quand il abordait son étrange obsession sur «la peau de l'Éthiopien.»

 

L’extrait ci-dessus est tiré de la Zion’s Watch Tower, October 1st 1900, pages 296-297.

Traduction du par. 2 et 3 : « C’est au Pasteur William H. Draper, ministre de l’église de la «Logan Memorial» à Washington qu’il a été échu de donner une réponse affirmative et vivante à la fameuse question biblique : l’éthiopien peut-il changer sa peau et le léopard ses tâches ? Alors qu’il était aussi noir que du charbon, le pasteur Draper est devenu blanc… ses fidèles déclarant que sa couleur a changé en réponse à la prière. Il y a quelques années, Draper était employé par un homme blanc qui lui fit remarquer que s’il avait la peau blanche comme son patron, il serait bien plus heureux. Étant au service de cet homme, Draper fit une expérience religieuse. À partir de ce jour, il pria instamment afin de devenir blanc. Il y a 30 ans, sa prière commença à être exaucée. Il ressentit tout d’abord une sensation de picotement sur le visage et après examen, il découvrit un grand nombre de petits points blancs pas plus grands que la pointe d’une aiguille. Il en fut retourné, croyant qu’il avait une maladie particulière, mais il ne souffrait pas en dehors de la sensation de picotement. Tout doucement, les tâches sont devenues plus grandes et maintenant après 30 ans, Draper n’a plus la moindre tâche noire sur le corps. »

Dans l'article ci-dessus intitulé «La Restitution peut-elle changer la peau d’un éthiopien?» Russell saute sur un incident où un prédicateur noir a affirmé avoir développé une peau blanche après avoir prié pour cela. Le révérend Draper, qui, apparemment, a dit aux autres que «s'il pouvait être blanc comme son employeur, il serait heureux», a commencé à prier trente ans avant l'article et a connu une transformation au cours de la période qui a précédé sa publication. Une fois que sa peau était toute blanche, il est retourné à son ancienne église, et a eu du mal à convaincre les membres de son identité. Nous savons maintenant que cette transformation «miraculeuse» est le résultat du vitiligo, une maladie entraînant une dépigmentation de zones de la peau. Ce n’est pas si rare et j'ai rencontré des gens qui ont cette condition. Peut-être que vous aussi.

 
Toutefois, Russell était apparemment tellement obsédé par l'idée des gens noirs devenant blancs qu'il sautait sur n'importe quel rapport y étant relié comme preuve que cela pourrait se produire sur une grande échelle dans l'avenir. La Watchtower du 15 février 1904 a rapporté un incident similaire impliquant un garçon de neuf ans du nom de Julius Jackson sous la rubrique «L’éthiopien peut-il changer sa peau ?» Que je reproduis ci-dessous.

 

L’extrait ci-contre est tiré de la Zion’s Watch Tower, February 15th 1904, pages 52-53.


Traduction : « Nous répondons, Non. Mais tous admettent que ce que l'Éthiopien ne peut pas faire lui-même Dieu pourrait aisément le faire pour lui. » (…) « Comment tous les hommes pourraient-ils être amenés à la perfection et à la couleur de peau originelle ? La réponse nous est maintenant fournie. Dieu peut changer la peau de l'Éthiopien en temps voulu. » (…) « Julius Jackson, de New-Frankfort, Mo, un garçon nègre de neuf ans, a commencé à devenir blanc en Septembre 1901 et est désormais entièrement blanc à 90%. Il nous assure que ce n'est pas une maladie de la peau blanchâtre, mais que la nouvelle peau blanche est aussi saine que celle de n'importe quel garçon blanc… »

 

Russell croyait que la peau d’un frère noir deviendrait blanche durant le Royaume millénaire.

 

Encore une fois, il est difficile de comprendre pourquoi Russell était tellement préoccupé par le concept des noirs devenant blancs. Qu’est-ce qui n’allait pas pour lui en ce qui concerne leur couleur d'origine ? Pourquoi la couleur de peau d'une personne ferait-elle une différence pour un Dieu qui «n'est pas partial» ? Je suppose que seul Russell en connaissait la réponse.


Un aperçu révélateur de l'attitude de Russell face à la race est venu dans un autre article de la Watchtower en 1902. Cet article, intitulé «Le nègre n'est pas une bête», a tenté de bannir l'idée extrêmement choquante promulguée dans un livre de cette période que les hommes et les femmes noirs étaient en quelque sorte sur un pied d'égalité avec les animaux. En dépit de son opposition tacite à ce concept scandaleux, la riposte de la Watchtower a été entachée par plus d'un soupçon d'idéologie raciste.

L’extrait ci-contre est tiré de la Zion’s Watch Tower, July 15th 1902, pages 215-216.


Traduction : « Nous ne devons pas oublier non plus, que l'Afrique est habitée par diverses tribus ou nations de nègres – certaines plus et d'autres moins dégradées que la moyenne. (…) il est vrai que la race blanche présente des qualités de supériorité sur toute autre, (…) quelques-unes des qualités qui ont engendrées la prééminence dans le monde de cette branche de la famille humaine sont admirables à tous les égards. (…) Le secret de la plus grande intelligence et aptitude de la race caucasienne (blanche) peut-être, dans une grande mesure attribué sans aucun doute au mélange de sang entre ses diverses branches et ceci a été évidemment conduit en grande partie par des circonstances sous le contrôle divin. »

Dépeindre les «diverses tribus ou nations de nègres» de l’Afrique comme étant «dégradées» est une insulte raciale très offensante d’après les normes de quiconque. À titre de comparaison, il prétend que la race blanche «présente des qualités de supériorité sur toute autre» et bénéficie d'une «prééminence dans le monde.» Un peu plus loin, ce même article précise que la race caucasienne (blanche) a «une plus grande intelligence et aptitude» à la suite d’un «mélange de sang» sous «contrôle divin.» L'article, qui ironiquement cherche à contrer les arguments racistes, finit par en produire quelques-uns des siens. Nous nous retrouvons avec une idéologie qui n’aurait pas eu de problèmes à s’intégrer dans un tract de propagande nazie. Les Noirs ne sont pas les seuls à être humiliés par cet article, il suggère également que les Indiens et les Chinois ont du rattrapage à faire génétiquement avant qu'ils ne puissent «également égayer leurs intellects.» 

À ce stade, il est important de se rappeler que Charles Taze Russell n'a pas nécessairement écrit ces articles lui-même. La Zion’s Watch Tower a eu au moins cinq contributeurs réguliers. Toutefois, Russell était le rédacteur en chef et aurait vérifié personnellement chaque article avant de les approuver pour l'impression. Même s'il n'avait pas écrit un article donné lui-même, il a signé pour donner son approbation avant sa publication dans un périodique pour lequel il était légalement responsable. Par conséquent, les lecteurs peuvent considérer tout article raciste publié sous sa direction éditoriale comme représentant ses points de vue. Je suis sûr qu'il aurait rejeté tout article sans la moindre hésitation si celui-ci entrait en conflit avec ses propres opinions. Il ne fallut pas longtemps avant que la piètre opinion que Russell avait des «frères de couleur» génère encore plus d’offenses et d’indignations parmi son lectorat noir. En janvier 1914, lors d'une projection du Photodrame de la Création au The Temple, West 63rd Street, un certain nombre de membres nègres de l'auditoire ont été séparés de leurs homologues blancs et fait asseoir séparément sur le balcon de la salle. Cela a causé une indignation compréhensible et plusieurs ont écrit des lettres colériques - furieux qu'ils aient subi une telle discrimination de la part de leurs «frères.» La Société imprima une réponse sous la rubrique «The Color Line Found Necessary» dans la Watchtower April 1, reproduite ci-dessous : [2]

 

L’extrait ci-contre est tiré de la Zion’s Watch Tower, April 1st 1914, pages 105-106.

 

Traduction : « Nous avons eu le même sentiment en les respectant comme les autres, mais il fût rapidement découvert que ce n'était pas une affaire de sentiment, mais que, tandis que les gens de couleur de New York représentent environ cinq pour cent de la population, dans nos auditoires ils sont 25% et le nombre augmente. Que ferons-nous ? Comme la présence des gens de couleur augmenterait, proportionnellement le nombre des blancs diminuerait, voici l’explication : une majorité de blancs préfèrent ne pas se mêler étroitement avec d'autres races. 

Reconnaissant que cela signifiait le succès ou l'échec de l'entreprise du Drame que respecte les blancs, nous avons été contraints d'affecter les amis de couleur à la galerie, qui, cependant, est tout aussi bon pour voir et entendre que toute autre partie du Temple. Certains ont été choqués de cet arrangement.

 Nous avons reçu de nombreuses lettres de nos amis colorés, certains affirmant qu'il n'est pas correct de faire une différence, d'autres nous dénonçant avec indignation et amertume comme les ennemis des gens de couleur. Certains, convaincus que Frère Russell n'avait jamais sanctionné une telle discrimination, ont dit qu'ils croyaient qu’il était de leur devoir de se battre pour l'égalité des droits et de toujours aider les opprimés, etc.
(…)
Nous avons de nouveau suggéré que si un endroit approprié pouvait être trouvé dans laquelle le Drame pourrait être présenté pour le bénéfice des gens de couleur seulement, nous serions heureux de faire de tels arrangements, ou de coopérer avec d'autres pour le faire.
(…)
…la question est de mettre soit les intérêts de la cause de Dieu d'abord ou bien les intérêts de la race d’abord. Nous avons cru de notre devoir de mettre Dieu en premier et la vérité en premier – peu importe le prix pour les autres ou pour nous-mêmes !
(…)
…c'est seulement une question de savoir si donner à eux d'une manière nous priverait de donner la vérité aux autres.
(…)
En réponse à la question portant sur la façon dont notre ligne de conduite s’aligne avec la règle d'or, nous avons répondu qu'elle s’aligne parfaitement. Nous souhaiterions que d'autres mettent Dieu en premier.
(…)
Si la nature favorise les frères et sœurs de couleur dans l'exercice de l'humilité, c'est entièrement à leur avantage, s’ils y sont correctement exercés.
(…)
Encore un peu de temps et le Royaume millénaire sera inauguré, qui apportera la restitution à toute l'humanité - la restitution à la perfection de l'esprit et du corps, caractéristique et couleur, à la grande norme originale, que Dieu a déclaré «très bonne» et qui a été perdue pendant un certain temps par le péché, mais qui sera bientôt restaurée par le puissant royaume du Messie. »


Je peux à peine imaginer l'humiliation d’arriver à une projection du Photodrame comme un «fan» de Russell à l'époque, pour me voir séparé et parqué comme un animal dans une autre partie de la salle à cause de la couleur de ma peau. Ensuite, pour ajouter l'insulte à ma blessure, me faire dire que cela était nécessaire pour ne pas perturber les visiteurs blancs, car «voici l’explication : une majorité de blancs préfèrent ne pas se mêler étroitement avec d'autres races.» Je ne peux pas m’imaginer désireux de poursuivre mon association avec les Étudiants de la Bible après avoir subi une telle indignité. Après tout, comment pourrait-ce être l'Église du Christ, si « le succès ou l'échec de l'entreprise du Drame que respecte les blancs» était plusimportante pour la Société que d'observer l'égalité raciale ? Comment pourraient-ils être véritablement le peuple de Dieu s’ils étaient si prêts à se plier à l’intolérance raciale ? Serait-ce parce que les dirigeants étaient des racistes eux-mêmes ? Celles-ci auraient été mes honnêtes questions.

 

Tous les noirs qui se sont présentés pour voir la projection du Photodrame en Janvier 1914 à The Temple, West 63rd Street, ont été séparés.


En tout cas, apparemment ce ne sont pas tous les soi-disant «frères de couleur» qui ont été repoussés par cet incident. De toute évidence, la ligne de raisonnement «le nombre de spectateurs ayant préséance sur l'égalité» de la Société était «entièrement satisfaisant pour tous ceux qui étaient pleinement consacrés» avec seulement quelques individus «tenaces et querelleurs» s’objectant. Il semble que, relativement à cet incident, tout se résumait à l'humilité. Après tout, selon l'article, «la nature privilégie les frères et sœurs de couleur dans l'exercice d'humilité.» Même si je crois que le but des propos sur l’humilité de l'écrivain était de faire un compliment pacificateur, ils sont aussi un clin d'œil évident sur le fléau de l'esclavage des noirs qui a terni l'Amérique avant la guerre civile. L’écrivain tente de féliciter le lectorat noir pour ses humbles racines, irrespectueux des circonstances ignobles sous lesquelles elles furent ostensiblement forgées.

L'article poursuit pour en revenir à l'obsession de Russell avec la peau d'un Éthiopien ou plus précisément, sa conviction que les Chrétiens noirs pouvaient espérer que leur peau change lorsque le «Royaume millénaire sera inauguré.»

L'écrivain nous raconte que, lorsque ce moment arrivera, toute l'humanité connaîtra «la restitution à la perfection de l'esprit et du corps, caractéristique et couleur, à la grande norme originale, que Dieu a déclaré «très bonne».» Encore une fois, pourquoi un Chrétien aurait-il besoin d'avoir la couleur de sa peau changée vers la «norme d'origine» ? Cela est un mystère et l’étrange préoccupation de Russell avec ce concept choquant a encore trouvé un autre débouché dans cet article.


Le racisme sous Rutherford

 

Charles Taze Russell est décédé le 31 octobre 1916. Par la suite, dans des circonstances quelque peu controversées, Rutherford a réussi à prendre le contrôle de la Société Watch Tower. La haute fonction de président de Russell ne fut pas la seule chose dont Rutherford hérita. Il semble qu'il ait également continué le penchant de son prédécesseur pour l’intolérance raciale.

Comme mentionné plus tôt, selon les croyances actuelles des Témoins de Jéhovah, Jésus-Christ a choisi les Étudiants de la Bible en tant que sa congrégation terrestre en 1919 après avoir connu une période de «nettoyage». Examinez l'article suivant, publié en 1993, qui affirme cet enseignement :

«Depuis le début de la présence du Christ jusqu’en 1918, la classe de l’esclave, malgré l’impopularité, la persécution et même une certaine confusion, a cherché à donner aux domestiques la nourriture qui convenait pour l’époque. C’est la situation qu’a trouvée le Maître lorsqu’a commencé son inspection. Le Seigneur Jésus en a été satisfait et, en 1919, il a déclaré heureuse cette classe de l’esclave fidèle qu’il approuvait. Quelle a été la récompense réjouissante de l’esclave pour avoir fait ce que son Maître lui avait commandé ? Une promotion ! Oui, de plus grandes responsabilités dans l’avancement des intérêts de son Maître. Puisque le Maître était désormais un Roi céleste, son avoir terrestre était encore plus précieux.» (La Tour de Garde du 1er mai 1993, page 17.)

Ainsi, le Christ a entrepris une «inspection» de l'organisation basée sur la «nourriture qui convenait pour l’époque» (ou la littérature) étant distribué aux domestiques par la Classe de l’Esclave ? Si Jésus a bel et bien inspecter la Société en 1919 sur la base de leur littérature (ou «nourriture qui convenait pour l’époque»), alors il est difficile de l'imaginer en la regardant favorablement sur l'article suivant, publié dans le magazine Golden Age (L’âge d'or) nouvellement publié (un précurseur de Awake! (Réveillez-vous !) sous la présidence de Rutherford.

 

L’extrait ci-contre est tiré du The Golden Age, October 15th 1919, pages 105-106.

 

Traduction : «D’un point de vue criminel, l’opportunité de dégrisement du nègre du Sud en dit long sur la prohibition nationale.» 

 

Pour donner un peu de détails sur le contexte, l'article ci-dessus a été écrit (et est controversé selon les normes actuelles) comme un argument politique contre les lois sur la prohibition introduites récemment. Comme beaucoup d'entre vous le savez, la prohibition est entrée en vigueur en Amérique en 1920, rendant la vente de boissons alcoolisées illégale. Rutherford était connu pour avoir un penchant pour l’alcool et je ne serais pas surpris s'il était l'auteur même de l'article ci-dessus. Après tout, comme un amoureux de l'alcool, il avait tout intérêt à retarder le mouvement prohibitionniste et je ne peux penser à aucune autre raison pour laquelle la Société ressentait le besoin de se mêler de la politique de l'époque sur cette question. Si Rutherford a effectivement écrit cet article, il donne certainement un aperçu unique de son point de vue racial. L'insinuation que tous les «nègres du sud» sont des ivrognes est une insulte raciale vicieuse et les sentiments ci-dessus provoqueraient l'indignation s'ils étaient répétés aujourd'hui dans la littérature de la Société. Il semble que, tandis que Russell avait été davantage un «raciste spirituel» qui tenta de justifier ses points de vue avec des arguments bibliquement orientées, Rutherford a offert peu ou pas de justification pour ses opinions racistes quelles qu’elles soient, à part de cracher des généralisations erronées cinglantes et désespérées basées sur ses propres idées préconçues.

 

Rutherford, qui appréciait son alcool, a parlé de «dégrisement du nègre du Sud» dans un article contre la prohibition.

 

Un excellent exemple d’une telle intolérance pompeuse est généreusement fourni dans un autre article du Golden Age (L’âge d'or), publié dans l’édition du 30 octobre 1927 de la revue (pages 140-143). Cette diatribe de trois pages et demie, écrite sous le nom de J. L. Bolling, était une tirade d'insultes et d'accusations lancées à l'auteure Harriet Beecher Stowe pour discréditer son célèbre et très influent Uncle Tom’s Cabin (La Cabane d’Oncle Tom), une histoire fictive représentant le traitement brutal des esclaves noirs.

Je suis sûr que plusieurs personnes lisant cet article auront lus Uncle Tom’s Cabin ou en sont familiers. Beaucoup d'historiens créditent le livre d’avoir joué un rôle clé dans la réalisation de l'abolition de l'esclavage en Amérique. Il a sensibilisé le public à cette pratique horrible - sûrement une cause très noble et louable dans l'esprit de tout Chrétien authentique. Cependant, peu importe qui était Bolling, il ne croyait certainement pas que de se débarrasser de l'esclavage était une bonne idée. Vous pouvez le lire par vous-même.

L'article lui-même est si grand que j'ai créé un téléchargement séparé en PDF pour ceux qui voudraient le lire dans son intégralité : The Golden Age v Uncle Toms Cabin 1927. Je vais avertir d’avance quiconque le souhaite que c'est sans doute l'un des articles les plus vulgaires et bizarres de la Société, qu’ils seront susceptibles de rencontrer. La partie intitulée «The Story of Uncle Tom’s Cabin» est reproduite ci-dessous et toutes les images suivantes sont tirées de l'article du Golden Age (L’Âge d'or) en question, sauf indication contraire. Pour des raisons de concision, je vais me concentrer sur quelques-unes des citations les plus intrigantes.

Ce livre, qui a contribué à abolir l'esclavage en Amérique, a été baptisée «l'œuvre de Satan» par le Golden Age (l'Âge d'or).


1927 Golden Age, Nov. 30th, pages 140-143.


Bolling commence son article de la même façon qu’il veut le continuer, avec une affirmation scandaleuse que Stowe était sous l'influence de médiums lors de l'écriture du livre. Il développe ce qui suit...


1927 Golden Age, Nov. 30th, pages 140-143.

 

Après avoir donné un aperçu exhaustif des rencontres avec l'esprit qu’aurait vécu le mari de Harriet Stowe, Calvin Stowe, Bolling affirme que celles-ci ont joué un rôle directeur dans son inspiration pour écrire le livre. Bolling va même jusqu'à suggérer que Satan manigança le mariage de Stowe à son mari pour cette raison même. «Par l’intermédiaire de son mari», écrit Bolling, «Mme Stowe a sans doute été fortement influencée par ces esprits malins et ce fut sans doute le but de Satan par la réalisation de leur union dans le mariage. Bolling continue à dépeindre Stowe comme une auteure «impulsive» et «téméraire», sujette à «colorer son récit» et «se souciant peu des faits» avant de sombrer toujours plus profondément dans sa tirade contre ce qui n’était, après tout, qu’un roman de fiction. Il ne laisse aucune pierre non retournée dans la recherche de griefs contre Stowe, suggérant même qu'elle était mal qualifiée pour écrire un livre de quelque grande importance en raison du fait qu’elle est une femme...

    1927 Golden Age, Nov. 30th, pages 140-143.

 

Sans tenir compte de ce que Stowe peut ou peut ne pas avoir dit à propos de Uncle Tom’s Cabin comme étant une œuvre inspirée suivant sa publication, le livre lui-même n’aspire pas à autre chose que d'être une histoire fictive décrivant les terribles souffrances de ceux qui vivent sous le fléau de l'esclavage avant son abolition aux États-Unis. Comment quelqu'un peut-il raisonnablement le comparer avec le livre prophétique de l'Apocalypse(Révélation), qui prétend directement être l'inspiration de Dieu, cela est un mystère complet pour moi.

 

Bolling continue...

1927 Golden Age, Nov. 30th, pages 140-143.

 

Bolling a utilisé les opinions personnelles de Mme Stowe contre elle-même, à savoir qu'elle était divinement inspirée lors de l'écriture de son livre, ou (comme elle l'aurait dit) : «Dieu l'a écrit.» En dépit de l'utilisation des mots de Stowe contre elle-même pour essayer d’étayer ses arguments, il est très sélectif en ce qui concerne quelles parties des citations réputées de Stowe, il croit ou réfute. Il tord le sens des mots de Stowe à propos de son livre comme étant le produit d'une «force inconnue» dans une revendication scandaleuse selon laquelle, loin d'être inspiré par Dieu, Uncle Tom’s Cabin (un livre qui a contribué à abolir l'esclavage) est «l'œuvre de Satan» ! Je ne pense pas qu’il soit très injuste de dire que Bolling, peu importe qui il était, était un raciste effronté. Personne qui est d'avis qu'un livre qui a contribué à mettre fin à l'esclavage est le produit du diable, pourrait éventuellement considérer les hommes et les femmes noirs comme ses égaux. Cependant, peut-être sans surprise, les opinions racistes de Bolling ne se limitaient pas seulement aux personnes noires. Dans le dernier paragraphe reproduit ci-dessus, il décrit les Espagnols comme une «race retardée.»

Citer davantage de parties de l'article de Bolling est futile. En ressuscitant son article venimeux des archives poussiéreuses et oubliée depuis longtemps du Golden Age (L'âge d'or) d’où il appartient, j’ai déjà fourni une plate-forme au 21ème siècle à ce raciste mort depuis longtemps à laquelle il est loin d'être digne. Qu'il suffise de dire, il poursuit sa diatribe sur Stowe jusqu’à la fin et fait quelques prétentions bizarres au sujet du plan de Dieu pour l'Amérique. Il affirme que l'Amérique est «l'atelier et le laboratoire expérimental du temps de la fin» et explique que Uncle Tom’s Cabin est l'une des nombreuses tentatives de Satan visant à détruire les institutions de l'Amérique. Il salut même Abraham Lincoln comme étant «un instrument choisi par Dieu pour sauver l'Union» - la preuve (s'il en était besoin) du peu de crédibilité quidoit être accordé à ses opinions folles.
Je peux déjà entendre les objections de ceux qui ont lu jusqu’ici mon article. Vous criez peut-être : «Mais attendez, ce type Bolling n'est pas représentatif des vues de Rutherford ou celles de l'organisation de Dieu sur cette question. Après tout, le Golden Age (L'Âge d'or) a cessé d'être imprimé il y a plusieurs décennies !»

D'abord, comme Russell était rédacteur en chef de la Watchtower (Tour de Garde), le «juge» Rutherford était président de la Société au moment où elle a publié cet article. Il aurait approuvé sa publication. Par conséquent, on peut considérer l’article comme étant représentatif des points de vue de Rutherford ainsi que de Bolling. Tout ce qui est sorti de presse de la Société à ce moment-là aurait été considéré comme «nourriture en temps voulu» (Mt. 24:45). Par ailleurs, selon les propres publications de la Société (et plus récentes), le Golden Age (L'Âge d'or) n'est pas seulement considéré comme un simple précurseur pour Awake! (le Réveillez-vous!) - Il ÉTAIT le Réveillez-vous ! Examinons l'extrait suivant, publié sous le titre «Awake ! (Réveillez-vous !) - un périodique pour un large public» dans le livre de l’histoire officielle de la Société :

«Au début, il avait pour titre L’Âge d’Or. Son premier numéro était daté du 1er octobre 1919. Ce périodique rendait compte des activités humaines dans de nombreux domaines. Il sensibilisait ses lecteurs aux événements mondiaux et leur montrait que la véritable solution aux problèmes de l’humanité réside dans le Règne millénaire du Christ, le seul à pouvoir vraiment instaurer un “âge d’or” pour le genre humain.» (Les Témoins de Jéhovah-Prédicateurs du Royaume de Dieu, page 724).

Quand on examine la citation ci-dessus et le fait que les périodiques Réveillez-vous ! sur votre étagère ne sont que la même publication que ces bizarres périodiques L’Âge d'or cités à partir de ce qui précède, il est vraiment tout à fait remarquable de penser que la Société a déjà non seulement perpétué l'idéologie raciste – elle a furieusement critiqué ceux qui se sont exprimés contre l'esclavage ! Je voudrais pouvoir dire que l'histoire s'arrête là pour le racisme sous la garde de Rutherford, mais ce n’est pas le cas. Plus d'articles offensants suivront dans L'Âge d'or sous sa présidence y compris un extrait absurde reproduit ci-dessous :

 

Cet extrait est tiré du The Golden Age, July 25th 1928, page 684.

 

Non content de stéréotyper les noirs comme un objet d'amusement pour les enfants d'âge scolaire, Rutherford a continué d’exposer l'idéologie étrange de Russell sur les origines de la race noire lorsqu'il a été interrogé sur le sujet.

 

Cet extrait est tiré du The Golden Age, July 24th 1929, page 702.

 

Traduction : « On croit généralement que la malédiction prononcée sur Canaan fut à l’origine de la race Noire. C’est si certain que quand Noé dit : «Maudit soit Canaan, qu’il soit un serviteur pour ses frères,» il représenta le futur de la Race de couleur. Ils ont été et sont une race de serviteurs, (…) Il n’y a pas de serviteur dans le monde aussi bon qu’un serviteur de couleur et la joie qu’il obtient à rendre son fidèle service est l’une des joies les plus pures qu’il y a dans le monde. »
Peu importe qui a véritablement écrit cet article, il ne pouvait évidemment pas résister à la tentation d’aller plus loin que simplement insinué que la race noire est le produit d’une malédiction. L’écrivain était assez délirant pour étiqueter le peuple noir de «race de serviteurs» et appesanti sur les «joies» de l'esclavage, même si l'on suppose qu'il n'était pas dans l'esclavage lui-même au moment de la rédaction. Il va même jusqu'à dire : «Il n’y a pas de serviteur dans le monde aussi bon qu’un Serviteur de couleur et la joie qu’il obtient à rendre son fidèle service est l’une des joies les plus pures qu’il y a dans le monde.» Comme je l'ai dit, je suis sûr que l'auteur ne parle pas d’expérience en racontant comment la vie est joyeuse en étant un «bon Serviteur de couleur.» Ce dont je suis sûr, c'est que ses points de vue étaient extrêmement choquants et reflétaient une vision intolérante et avilissante du peuple noir en général. Que de telles opinions outrancières et déplorable puissent trouver leur chemin dans un périodique qui prétend représenter la nourriture spirituelle de la «Classe de l’Esclave» fidèle de Dieu est encore plus incompréhensible.


L’antisémitisme de Rutherford


Comme les années 30 commencèrent, le monde était en proie à un nouvel âge troublant de fascisme. On aimerait imaginer la Société comme étant à l'avant-garde pour condamner les gouvernements fascistes comme celui infligé au peuple allemand par le tyran diabolique, Adolf Hitler. Malheureusement, lorsque l'on enquête, on découvre que l'inverse était vrai.

Il ne semble pas nécessaire d'entrer dans les détails des flirts de Rutherford avec le gouvernement Nazi, notamment en raison du fait qu'un article excellent et complet est disponible sur le sujet sur http://www.watchtowerlies.com/watchtowerlies_094.htm. Au lieu de cela, je vais me concentrer sur l'élément racial des ouvertures de Rutherford, que l’on retrouve en particulier dans sa lettre à Hitler, et sa «Déclaration de Faits» telle que publiée dans l'Annuaire 1934.

 

Rutherford accusa «les hommes d'affaires juifs» «d’opprimer les peuples de nombreuses nations»

 

Pour donner un bref aperçu des documents mentionnés ci-dessus, j’aurais tout d'abord besoin de vous donner une version extrêmement concise (peut-être trop simplifiée) des événements qui ont mené à leur publication. Si quelqu'un peut me donner des preuves documentaires qui réfutent ma version de ces événements, je serais heureux de recevoir cette information et de rectifier mon compte-rendu en conséquence.

Dès le début de la présidence de Rutherford, il ne perdit pas de temps en laissant sa marque sur ce qu'il percevait comme la fausse Chrétienté - surtout le Catholicisme. Des publications telles que The Finished Mystery (Le Mystère Accompli) relâcha des reproches acerbes conte l'Église catholique. Ces critiques n'étaient pas aussi «mortifères» ou «apocalyptiques», comme le livre Révélation-Dénouement nous amène à croire, mais ils ont réussi à bel et bien taper sur les nerfs de la hiérarchie catholique, qui à l'époque étaient très influente dans le monde politique. Peut-être sans surprise, une fois suffisamment agacés par les provocations constantes de Rutherford, ils ont déversés leur colère sur les Étudiants de la Bible en amenant les gouvernements à interdire leur travail partout où cela était possible. Un pays qui n'était que trop prêt à le faire était l'Allemagne nazie.

Rutherford a ensuite dû faire face à des Étudiants de la Bible allemands étant rassemblés et envoyés dans des camps de concentration pour aucune autre raison que parce que l'église catholique (qu’il avait passé des années à provoquer) avait réussi à faire son chemin avec Hitler et ses acolytes. Qu'est-ce que Rutherford a fait pour renverser la situation ?Il a dit à Hitler que le problème n'était qu'un énorme malentendu et qu’effectivement les Étudiants de la Bible étaient les amis du gouvernement Nazi et non leurs ennemis.

La page Web susmentionnée à http://www.watchtowerlies.com/watchtower lies_094.htm a la lettre originale de 3 pages envoyée par Rutherford à Hitler en 1933, avec une traduction en français (évidemment la lettre a été rédigée en allemand). Entre autres choses, la lettre proclame la Société Watch Tower comme étant «pro-allemande» et blâme «les hommes d'affaires juifs et catholiques» pour la diffusion de propagande contre la Société et ses administrateurs, conduisant à leur arrestation injuste. Curieusement Rutherford va jusqu'à insister que «les Étudiants de la Bible d’Allemagne se battent pour les mêmes buts éthiques et idéaux élevés qui ont également été proclamés par le gouvernement du Reich Allemand».

En plus de sa lettre, Rutherford se rendit à Berlin pour comparaître devant les frères là-bas et a présenté une «Déclaration de Faits» aux délégués présents. La Déclaration, qui était essentiellement une version édulcorée de sa lettre à Hitler, parue dans l'Annuaire 1934. Prendre note d'une citation intéressante de la Déclaration :

 

L’extrait ci-contre est tiré du 1934 Yearbook, page 134.

 

Traduction : « L'empire Anglo-américain est le plus grand et le plus oppressif empire sur terre. Nous entendons par cela l'empire Britannique dont les États-Unis d'Amérique constituent une partie. Les commerçants juifs de l'empire Anglo-américain ont bâti et utilisé le "Big Business" comme moyen d'exploitation et d'oppression de nombreux peuples. Nous pensons ici en particulier aux villes de Londres et de New York, forteresses du "Big Business". Cet état de fait est si évident en Amérique qu'un proverbe sur la ville de New York dit : "Les Juifs possèdent la ville, les Irlandais catholiques la dirigent, et ce sont les Américains qui payent l'addition" ».

Le pape Pie IX a émit la dernière expression raciste au nom de l'Église catholique 56 ans avant que la Société n’imprime une rhétorique très similaire, mais il a été encore critiqué dans un article du Réveillez-vous ! sur la race.


Je ne peux pas m'empêcher de faire la grimace quand je pense à ce quoi ça ressemblait pour les délégués à Berlin comme ils recevaient ces paroles de leur chef, Rutherford. Ils étaient déjà en proie à une longue période de persécution, en grande partie grâce aux écrits provocateurs et sensationnalistes de l'homme qui se tenait devant eux. À leur insu, cette persécution ne ferait qu'empirer et réclamer la vie de beaucoup d'entre eux. Maintenant, ils pouvaient voir par eux-mêmes que l'idéologie du «juge» et celle de leur Führer n'était pas tellement différente. Étaient-ils d'accord avec lui ? Avaient-ils honte ? Je suppose que nous ne le saurons jamais. Je sais que si je m'étais assis dans cette audience, toute croyance ténue que Rutherford parlait en tant que représentant de l'organisation de Dieu sur Terre aurait été brisé au moment où il a commencé sa tirade brève mais cinglante contre les hommes d'affaires juifs. Je ne peux qu'être reconnaissant que ses paroles honteuses et sa rhétorique haineuse a depuis longtemps été ensevelie par une Société Watch Tower gênée, qui après la guerre et la mort de Rutherford doit avoir regardé en arrière avec une humiliation totale sur comment ils ont pu si complètement mal juger un conflit évident entre le bien et le mal et avoir fini par soutenir le mauvais côté.

Aujourd'hui, nous entendons beaucoup de choses dans la littérature de la Société concernant tous ces pauvres Étudiants de la Bible qui sont morts aux mains du régime Nazi. Les publications claironnent qu'ils sont morts en défendant la neutralité et ignorent la vérité qui dérange que la persécution débuta, du moins en partie, par les exhortations d'un clergé qui avaient été harcelé jusqu’au bout de sa patience par les écrits de Rutherford. Le courage de ces hommes et femmes en refusant de céder à leurs persécuteurs par loyauté bien malavisée à l'idéologie de Rutherford est à la fois profondément admirable et déchirant. Cependant, après avoir étudié cette chaîne d'événements dans une perspective intacte, il est clair pour moi maintenant que leurs morts étaient tout à fait évitables. Sans doute, personne ne paya plus lourd prix pour la vision du monde têtue et fanatique de Rutherford que ces pauvres frères allemands. Je ne peux qu'espérer qu'une situation similaire impliquant la persécution de la part des pouvoirs politiques ne se présente pas dans un avenir proche.


L’ère post-Rutherford


Après la mort de Rutherford, il semble que les vents du changement y compris le mouvement des droits civils dans les années 1960, ont influencé la Société à renoncer à ses opinions racistes de longue date. De plus en plus, les Noirs ont été acceptés dans des bureaux plus élevés au sein de la Société. La Tour de Garde n’a plus publié de déclarations racistes dans aucune de ses publications - à l'exception de ce qui suit publié juste avant que le mouvement des droits civils ne prenne de l'ampleur dans une Questions des lecteurs de 1952 :

« Beaucoup de personnes de couleur pratiquent les préjugés de couleurs contre leur propre peuple. Les Nègres de couleur claire éviteront les plus foncés. Certains de l'hémisphère occidental méprisent ceux qui sont très sombres de l'Afrique. En Afrique du Sud, les Blancs pratiquent la discrimination contre les gens de couleur mixte, les gens de couleurs mixtes contre les noirs indigènes, les noirs indigènes contre les Indiens coolies et dans leur Inde natal, les Indiens pratique la discrimination à l'encontre du sans caste ou parias. Qui est innocent pour pourvoir jeter la première pierre ? Peut-on ne pas voir que toutes les classes de la race humaine sont mauvaises, que si nous commençons à réformer, nous serons perdus dans une tâche impossible, avec des discriminations sans fin et de nombreuses variétés ou des injustices à défaire, dont des croisades menées par des organisations sociales et politiques de ce monde qui ont désespérément lutté pendant des années ? Car devenir comme eux serait d'échouer avec eux, consumer notre temps dans de telles réformes, perdant en tant que Témoins de Jéhovah et ne faisant plaisir qu’au Diable. Alors laissons-nous plaire à Dieu par la prédication de l'Évangile en dépit des conditions indésirables que le monde du Diable peut créer pour nous. Ne nous laissons pas distraire par Satan et pris dans un piège subtil camouflé dans des motifs et des idéaux nobles. Ne peut-on attendre Jéhovah pour venger les torts que nous subissons maintenant ? Vraiment, nos frères de couleur ont une grande raison de se réjouir. Leur race est douce et docile et d’elle provient un pourcentage élevé de l’accroissement théocratique. Que faire si le sage et puissant et noble de ce monde les rabaissent comme stupides et faibles et ignobles, non pas sur un pied d'égalité avec les blancs auto-exaltés ? C’est à l'honneur ultime de Dieu, car il confond les sages de ce monde en choisissant ceux que le monde considère stupides et faibles et ignobles. Glorifions-nous en Jéhovah et dans notre égalité devant ses yeux, plutôt que de vouloir se glorifier de l'égalité aux yeux du monde. » (The Watchtower, February 1st 1952, page 95)

On peut dire que cet article est loin d'être aussi offensif que l’intolérance vile publiée sous Russell et Rutherford. Cependant, un portrait dégradant des Noirs comme une race qui est «douce et docile» est toujours dépeint. Un stéréotype racial, même flatteur, est quand même un stéréotype racial - et aucune race ne se délecterait de la fausse insinuation qu'ils ont tendance à être crédules ou faciles à manipuler. Comme la plupart des extraits reproduits ci-dessus, si cette citation apparaissait dans un périodique la Tour de Garde moderne, il y aurait un tollé compréhensible. De toute évidence, la Société est plus intelligente que cela ! Cependant, je suis toujours curieux de savoir comment ils ont soudainement trouvé le courage d'inclure la citation ci-dessus dans le CD-ROM Watchtower library (anglais). Sans doute qu’ils pensent qu'il est peu probable que les proclamateurs réguliers la découvre.


Le racisme disparu mais pas oublié


La Société ne fait aucune mention dans les publications modernes des insultes raciales terribles qui étaient présentes dans les publications de la Watchtower dans son sombre passé. Des aveux aléatoires d’avoir une fois célébré un anniversaire ou utilisé la croix sont une chose, mais il faut une franchise bien plus profonde pour admettre avoir été une organisation raciste dans ses débuts - en particulier lorsque l'approbation du Christ qui était en jeu durant ces jours-là. Dans une certaine mesure, je peux comprendre leur réticence à dire la vérité sur leur passé raciste. Ce que je n'arrive pas à comprendre c'est l'empressement avec lequel ils ont poursuivi d'autres religions sur leurs dossiers sur l'égalité raciale. Examinez la citation suivante, tirée d'une édition du Réveillez-vous ! de 1982, dans un article intitulé «Les races - quelle est leur origine ?» :

« Les Églises de la chrétienté n’ont-elles jamais ‘fait de différence entre les hommes’ ? Souvenez-vous de la manière dont les Églises catholique et luthérienne ont soutenu le projet d’Hitler qui désirait produire une «race supérieure». D’ailleurs, l’Église catholique a enseigné pendant des siècles que les Noirs étaient une race maudite. John Maxwell déclare, dans son livre intitulé L’esclavage et l’Église catholique (angl.), que cette opinion «a survécu, semble-t-il, jusqu’en 1873, date à laquelle le pape Pie IX lia une indulgence à une prière pour les ‘pauvres Éthiopiens d’Afrique centrale, afin que le Dieu Tout-Puissant veuille à la longue ôter de leurs cœurs la malédiction jetée sur Cham’». (C’est nous qui mettons en italiques.) Et, encore de nos jours, certaines organisations religieuses pratiquent ouvertement la discrimination raciale. » (Réveillez-vous ! 8 mai 1982, p.14-15)

On pourrait penser que la Société, avec un regard sur son propre dossier sinistre, éviterait de critiquer les autres religions sur leur histoire raciale - mais pas du tout. Ils ont encore le culot de crier à l'injustice au sujet de l’ancienne vision de l'Église catholique considérant les Noirs comme une race maudite, même si ce point de vue doctrinal a cessé de faire partie du dogme catholique reconnu longtemps avant qu'il ne quitte les pages de la littérature de la Société. En effet, le Golden Age (L'Âge d'or) de 1929 imprima cet article sur la malédiction de Noé 56 années complètes après que les propos de ce Pape sur le sujet furent connus. Et dans une suprême ironie, comme nous l’avons vu précédemment, la Société reconnaît que le périodique (Réveillez-vous !) qui critiqua le Pape Pie IX en 1982 est le même périodique qui a imprimé des remarques similaires en 1929 sous la bannière du Golden Age (L'Âge d'or) ! Certes, il y a encore quelques exemples étonnants d'hypocrisie dans la littérature de la Société autres qu’un article du Réveillez-vous ! qui critique un pape mort pour avoir fait des commentaires racistes semblables à celles exprimées dans ses propres pages beaucoup plus récemment. - Luc 6:42

Mon but en compilant et en rédigeant cet article n'est pas de faire une critique excessive dela Société Watch Tower. Après tout, comme je l'ai mentionné au début, la Société moderne consacre de nombreuses pages à encourager l'unité et l'égalité entre les personnes de toutes races - ce qui est évident quand on assiste à des réunions des Témoins. J'ai simplement attiré l'attention sur l'histoire raciale de l'organisation parce qu'elle a été délibérément supprimée pour renforcer les revendications de la Société à la direction divine.

Si la direction ne prétendait aucun statut spécial devant Dieu et pouvait admettre humblement (et assumer la responsabilité de) TOUTES ses indiscrétions du passé, ce serait une chose. Au lieu de cela, quand on regarde la Société Watch Tower objectivement, nous voyons une organisation obsédée par l’imposition de son autorité sur la vie des gens comme étant l’unique canal de communication de Dieu, en insistant sur une parfaite soumission à ses enseignements par ses adeptes en dépit d'être dans le déni complet de son propre sombre passé. Sa prétention précaire d’affectation divine, est que le Christ a choisi les Étudiants dela Bible du début, précurseurs des Témoins de Jéhovah, en 1919, sur la base de la «nourriture spirituelle» étant produite à ce moment-là. Pour insister sur la loyauté incontestable des fidèles envers l'organisation sur cette base erronée, sous peine d'être excommuniés et potentiellement séparé de ses proches, est à la fois déplorable et immoral.

J'espère qu'en écrivant cet article de blog, dans la poursuite des articles similaires écrit dans un passé récent, j’aurai franchi une autre étape pour mettre les choses au clair et éduquer les Témoins de Jéhovah qui réfléchissent sur les véritables origines de leurs convictions profondes.

1. Pour les fins du present article, j’ai utilisé les noms Zion’s Watch Tower, la Watchtower et la Tour de Garde de façon interchangeable.
2. Des articles passés sur l'histoire raciale de la Société, que j'ai trouvé utiles pour faire des recherches sur ce sujet, peuvent être trouvés aux liens suivants : http://www.seanet.com/~raines/discrimination.html et http://www.watchman.org/jw/aparthid.htm
Source : http://insidethewatchtower.com/history/a-brief-history-of-racism-in-watchtower-publications/

 

Par Cedars

Source : http://www.watchtowerlies.com